Avez-vous déjà entendu quelqu’un dire qu’il n’aimait pas les pommes de terre ? Nous non plus. Rôties, en purée, en version frites, ce tubercule fait toujours l’unanimité à table. Mais il n’en a pas toujours été ainsi ! Dans un article génial publié sur France Culture, qui s’intitule « Petite histoire de la pomme de terre, objet de culte, de superstitions et de convoitise », le journaliste Pierre Ropert retrace l'histoire de cet aliment qui a changé le monde. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a fallu pas mal de temps et de malice à la pomme de terre pour atteindre ce niveau de célébrité et de culte !
On vous raconte pourquoi et comment ici :
Si la pomme de terre a été domestiquée et consommée il y a fort longtemps (les historiens font remonter les premières cultures de pomme de terre à 8000 ans) par les civilisations précolombiennes des hauts plateaux andins, cette dernière n’est arrivée sur les côtes européennes qu’au XVIe siècle, dans les bateaux des conquistadors espagnols. À l’époque, elle ne suscite d’ailleurs pas grand enthousiasme culinaire et est plutôt utilisée pour ces vertus thérapeutiques (le roi d’Espagne en fera même envoyer des plants au Pape pour soigner sa Malaria. Ce sera un échec, bien sûr, Pie IV succombant à la maladie). Côté popote, elle a plutôt mauvaise réputation. Les Français (nous étions déjà snobs à l'époque) pensent d’ailleurs que la patate peut provoquer la lèpre (il se raconte qu’elle fut interdite en Bourgogne pour cette raison) et est plutôt réservée aux cochons. Dans l’article de Pierre Ropert, on peut d’ailleurs lire ces lignes de Victor Hugo : « Son acceptation de la destinée humaine était telle, qu’il mangeait [...] des pommes de terre, immondices dont on nourrissait alors les pourceaux et des forçats.». AMBIANCE.
Mais, comme le veut la légende, tout a changé lorsqu'Augustin Parmentier « pharmacien militaire, nutritionniste, infatigable expérimentateur » dixit cet article du Figaro, fut capturé par l’armée prussienne durant la Guerre de Sept Ans. « Contraint de se nourrir de pommes de terre au cours de sa captivité, il découvre qu'il n'en est pas incommodé, comme il l'écrit en 1773 dans Examen chimique de la pomme de terre » d’après Ropert.
Malheureusement, les mots ne suffisent pas pour convaincre ses compatriotes. Nous sommes en 1785, la faculté de médecine de Paris a déclaré la consommation de pomme de terre sans danger depuis 7 ans déjà, mais les Français rechignent encore à consommer ces « cartoufles » qu’on dédie aux cochons. Or, cet été là, la sécheresse sévit. Parmentier, malin comme pas deux, réussit à obtenir l'appui de Louis XVI pour pousser le féculent dans les assiettes et les champs français grâce à une ruse restée célèbre « pour convaincre la population de s'y intéresser, Antoine Parmentier fait planter le tubercule dans des champs gardés par des soldats armés le jour, mais sans protection la nuit... Et voilà que la pomme de terre, objet de convoitise, est pillée à la nuit tombée. Grâce au stratagème, elle se diffuse peu à peu dans le Bassin parisien. Louis XVI remercie alors Parmentier d'avoir "inventé le pain des pauvres". »
Et si ce subterfuge marque l’histoire culinaire de France, n’oublions pas que Parmentier fut aussi cuisinier à ses heures perdues, et fit déguster, si ce n’est le premier, mais du moins le plus célèbre écrasé de pomme de terre à Louis XVI : le Hachis Parmentier. Il fut ensuite rejoint par une poignée de défenseurs de la pomme de terre partout dans le monde. Et aujourd'hui encore, la purée de pommes de terre bénéficie de l'engouement qu'elle mérite. La preuve avec cette vidéo instantanément iconique de Martha Stewart et Snoop Dog en train d’en mitonner. Ça vous met en appétit, on a des tonnes de recettes pour conserver les pommes de terre, en purée, en salade, en gratin etc. ICI